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Les Heures Bleues

Focus

Dialogues à trois voix avec Les heures bleues


En février 2024, le trio musical Les Heures bleues –composé de Adèle Legrand (flûte traversière), Pauline Oreins (accordéon) et Camille Ledocq (violoncelle ) – viendra se poser pendant une semainepour une résidence à la Maison du Peuple. L’occasion pour ce trio de peaufiner les dernières couleurs de leur premier projet collectif « Circa Diem » et de le partager auprès des élèves de l’académie de musique de Saint-Gilles. Une année de travail, de dialogues, d’explorations aura été nécessaire pour l’éclosion de ce répertoire singulier qui a pour intention de vous faire voyager et (re)découvrir la musique ancienne et contemporaine par une proposition aux sonorités nouvelles et surprenantes. Rencontre à trois voix.



Adèle Legrand

Artiste depuis

je trouve cette question bien compliquée…mais en tout cas je joue de la flûte depuis mes 5 ans donc je dirai depuis 25 ans.


Formations

je suis française donc je me suis d’abord formée dans les conservatoires de la région parisienne puis au Conservatoire de Bruxelles. J’ai aussi une formation en pédagogie


Selon vous un .e artiste c’est

pour moi on est artiste quand on se dédie à transcrire les gestes intérieurs à travers une discipline artistiqueque ce soit le mouvement, la danse, la musique …


Si vous ne vous étiez pas engagé dans l’art

je ne me suis pas beaucoup posée la question ; j’enseignerais le français, la littérature probablement.



Pauline Oreins

Artiste depuis

je suis musicienne depuis que j’ai 5 ans mais artiste je dirais plus tard…


Formations

je suis pianiste et accordéoniste (Conservatoire de Mons). J’ai suivi aussi 2 ans à l’IMEP (pédagogie) et puis je suis partie à Genève pendant 2 ans pour faire un master en musique de Chambre en piano.


Selon vous un artiste

c’est quelqu’un qui est capable - grâce à des outils, à des formations -de mettre en forme l’idée ou les émotions qui le traversent, de pouvoir porter un projet de A à Z et de pouvoir le mettre dans le monde. De le présenter comme un travail fini et qui estdu coup recevable.


Si vous ne vous étiez pas engagé dans l’art

je pense que j’aurai eu du mal à faire autre chose. Mais peut être que j’aurai été psychiatre ou psychologue.




Camille Ledocq


Artiste depuis

J’ai commencé quand j’avais 7 ans à faire de la musique. La conscience par contre est venue au fur et à mesure . Je dirais qu’à la fin de mon adolescence vers 18 ans j’ai commencé à prendre conscience qu’il y avait moyen de transmettre un message.


Formations

IMEP à Namur puis le Conservatoire de Bruxelles et puis j’ai fait une petite excursion au conservatoire de Mons (pour faire la pédagogie)


Selon vous un.e artiste c’est quelqu’un

qui porte un message et qui le véhicule sous forme de l’art…je dirais


Si vous ne vous étiez pas engagé dans l’art

j’aurais été sage-femme



Qui se « cache » derrière les heures bleues ?

C’est un trio – un accordéon, une flûte traversière et violoncelle – avec lequel on s’illustre à la fois au baroque et à des créations contemporaines en créant un pont entre ces deux pôles là et en collaboration avec des compositeur.rices belges qui écrivent pour nous.


Comment votre groupe a vu le jour ?

Avec Camille et Adéle, nous avons déjà eu une expérience en duo et on a eu envie de la poursuivre Pour se sentir un vrai groupe de chambre, on voulait qu’il y ait au moins une 3éme personne. On avait envie de porter un projet sur du long terme et de proposer quelque chose de différent. L’accordéon est venu comme un parfait match pour le projet.Adèle connaissait Pauline qui en jouait.


C’est un peu surprenant cet instrument pour le répertoire baroque, non ?

C’est ce qui nous intéressait : aborder ce répertoire avec un instrument moins attendu et le mêler au timbre de la flûte moderne et du violoncelle… L’accordéon s’y prête très bien. C’est comme un petit orgue, il est polyphonique ; on peut donc jouer plusieurs voix en même temps. C’est une sonorité et une matière qui s’y prête très bien malgré l’anachronisme.Les fugues de Bach par exemple, on peut les jouer à l’accordéon ;ça rappelle l’orgue des églises ( D’ailleurs, La flûte traversière c’est aussi un anachronisme par rapport à la musique baroque ; celle-ci utilisait des instruments en bois, sans clé, avec une tout autre technique ). On sentait que les sonorités de ces 3 instruments pouvaient s’accorder pour un son d’ensemble afin de proposer une nouvelle lecture qui est la nôtre ; sachant que nous ne sommes pas non plus des spécialistes de la musique ancienne.


Votre trio se donne pour intention de créer un dialogue entre la musique baroque et des compositeur.rces contemporaines, pourquoi ce choix ?

A la fois, parce que nous aimons beaucoup la musique baroque. Nous voulions proposer une partition qui soit contrastée afin de créer une surprise pendant le concert par ce grand écart de style. Et puis, parce que nous voulions rendre accessible la musique classique et contemporaine en essayant de donner des clés d’entrée afin de permettre qu’elles soient plus appréciables.


L’accès n’est donc pas si évident ?

En effet, il y a d’un côté souvent un réflexe de distance par rapport à la musique contemporaine. Proposer du baroque peut dès lors apaiser ou accrocher les gens entre deux pièces contemporaines. Ils ont quelque chose auquel se raccrocher face au langage qui est parfois plus abstrait dans la musique contemporaine. Et d’un autre côté, il y a des personnes qui ont plus d’affinité pour la musique contemporaine et pensent que le baroque est vieillot. Nous proposons là un autre accès afin qu’iels puissent se dire que la musique baroque c’est aussi une musique qui est pleine de vie, d’énergie et qui est moderne.


Le premier projet que Les heures bleues porte à la scène s’appelle Circa Diem. De quoi s’agit-il ?

Circa Diem retrace les différents moments d’une journée, les différentes lumières – temporalités : nuit, aube, zénith, l’heure dorée, crépuscule. L’idée est de retracer le cycle d’une journée et par extrapolation celui d’une vie dans laquelle nous retrouvons beaucoup de cycles ( menstruels, saisons, lune, etc ).


Le concert s’articulera autour de 5 sonates baroques et 5 compositions contemporaines. Comment les choix des morceaux se sont-ils faits ?

On a sélectionné 5 sonates en trio parmi les 12 de l’Opus 1 du compositeur baroque Tomaso Albinoni et on a associé chacune des cinq sonates à un moment de la journée et donc à une lumière.On a demandé à 5 compositeur.rice.s – Muhiddin Dürrüoglu, Patrick Lerterme, Virginie Tasset, Max Charrue et Jimmy Bonesso -de choisir chacun.e un moment de la journéeet de composer autour de celle-ci de manière plus ou moins inspirée par la sonate associée.


Ces compositeur.rices ont donc écrit pour vous sur base de cette matière ?

Oui. Quelle joie de se dire qu’il y a des gens qui nous ont écrit des musiques exprès pour nous ! Nous avions associé et partagé les états d’être que nous associons à ces moments de la journée comme la sérénité et la contemplation pour l’heure dorée ; c’est très excitant de découvrir leurs versions et interprétations. C’est génial de voir aussi comment chacun.e des artistes a une idée très forte, très marquée et complètement contrastée.


Comment s’est construit le travail avec eux.elles ?

Par un vrai dialogue lors de résidences (notamment au Conseil de la Musique, partenaire du projet) et rencontres.Ce sont desétapes nécessaires pour tester des idées,voir concrètement comment les sons se marient ensembles et jusqu’où on peut aller avec les timbres. Parfois, il s’agit de vérifier des choses très techniques, parfoisde saisir la direction que l’artiste veut prendre après nous avoir livré sa partition avec une idée très précise. C’est ultra intime comme échange parce qu’il.elle nous livre quelque chose qui vient de leurs tripes et puis nous, on interprète ça. C’est un évènement intime. C’est là tout l’intérêt et le plaisir de travailler avec des gens qui ne sont pas mort ( rire ).


Ce projet comment s’est il construit budgétairement ?

Nous sommes en plein dans l’écriture d’un dossier d’aide au financement de la Fédération Wallonie Bruxelles. En attendant, on finance sur fonds propres un minimum. Pour obtenir des subsides, il faut montrer une vidéo surtout pour un 1er projet. Pour les compositions, il y a une bourse spéciale que l’on peut obtenir une fois les compositions terminées. C’est la réalité des musiciens indépendants. Les personnes qui ont collaboré avec nous sont donc venues avec l’élan de prendre ce pari avec nous. C’est très touchant.


Quels sont les prochaines étapes après cette présentation ?

On a pas mal de dates de concert déjà. On envisage aussi de développer le projet sous différentes formes en proposant d’y associer du cirque, de la danse, etc . Et puis, dans un deuxième temps, on aimerait sortir un album en fin d’année une fois que nous aurons assez de matière pour donner envie à un label J


Concerts prévus en 2024 :

Vendredi 16 .02 à 19h, Maison du Peuple (Saint-Gilles) ; Mardi 20.02 à 19h, Maison des Cultures et de la Cohésion Sociale (Molenbeek) Dimanche 17.03 à 17h30, Le Living (Louvain-la-Neuve) ; Dimanche 24 .03 à11h, BRYC Festival (Woluwe-Saint-Lambert) ; Samedi 25 .05 à 20h, Salon privé (Gembloux) ; Dimanche 6 .10 à 17h , Art Base (Bruxelles)