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Benoit Feroumont - Une fresque pour le plaisir de l’imaginaire

Interview

Depuis septembre 2020, une fresque bucolique, joyeuse et mutine orne l’espace jeunesse de la Biblio de Saint-Gilles. Une invitation aux rêveries entouré de nature. Elle est signée Benoit Feroumont (accompagné de sa fille pour l’occasion) auteur, notamment, de bandes dessinées (Le Royaume, Spirou). Il nous conte son amour pour les bibliothèques et l’histoire de cette fresque.


Tu as été invité a réalisé une fresque pour la section jeunesse de la Biblio de Saint-Gilles. Comment as-tu reçu cette proposition ?

J’ai trouvé ça super de pouvoir faire une fresque dans une bibliothèque et qui plus est dans la commune où j’habite. Parce que, tout d’abord : j’aime les bibliothèques. Quand j’étais petit, j’en ai fréquenté beaucoup. J’ai grandi à Marche-en-Famenne où il avait une grande bibliothèque. Mes parents avaient quatre enfants et pour les abreuver en bande dessinées on allait à la biblio toutes les semaines. On ramenait 5-6 BD qu’on « mangeait » durant la semaine. On allait à la piscine puis on allait à la biblio, c’était le vendredi soir ; c’était vraiment chouette.J’ai aussi pu remarquer en séance de dédicace que beaucoup de gens ont découvert mes albums dans les bibliothèques. C’est sans doute une des portes d’entrée pour mes lecteurs.

Un lieu essentiel selon toi ?

Totalement.Il y a d’ailleurs un auteur anglais, Neil Gaiman qui a écrit un superbe texte – sorte de déclaration d’amour aux bibliothèques - qu’il distribue partout dans les librairies et que je vous invite à lire. Il explique, notamment, à quel point le prêt entre bibliothèques est important. C’est une source de démocratie et d’accès à la culture absolument génial. Le plaisir de la lecture est tout d’un coup ouvert. Tout est accessible. Cela me fait d’ailleurs penser à un livre que j’ai adoré.

Lequel ?

Il s’agit de « Morwenna»[1]. L’histoire d’une petite fille qui a failli mourir dans un accident et qui placée par son père dans un collège éloigné de chez elle afin de la protéger de sa propre mère qui est une sorcière. Morwenna plonge dans une bibliothèque où il manque des bouquins. Elle se fait des amis grâce aux club des lectures et elle utilise le prêt entre bibliothèques pour les retrouver… et, en fait, ça lui sauve la vie. C’est un des meilleurs bouquins de fantaisie que j’ai lu de ma vie.

Tu te reconnais dans cette histoire ?

Totalement. On dit souvent qu’il y a un premier roman qui marque. Et bien moi, c’est une bande dessinée : « Balade en mer salée » de Corton Maltese. Je suis tombé dessus par hasard en bibliothèque. C’est la première fois que je lisais un truc qui n’était pas évident et qui se comprenait en ayant tout lu tout. Comme dans les romans où tu sens un truc dans le fond et à la fin tu te dis « ah oui, c’était ça ! » C’est à partir de là que j’ai eu le plaisir de la lecture.

Tu as donc eu carte blanche pour cette fresque. Quel a été ton fil conducteur ?

Je me suis basée sur ma BD Le Royaume. J’ai visité l’espace jeunesse et j’ai remarqué que les enfants se posaient à côté d’une bibliothèque entourée de coussins. J’ai alors imaginé un arbre en dessous duquel les enfants pourraient lire avec leur copine, Anne - qui est le personnage principal du Royaume – près d’eux en train de se balader. Je voulais les placer dans un endroit où ils puissent se dire « oh, mais c’est chouette ici » et de pouvoir regarder le plafond et voir des feuilles ; peut-être provoquer leur imagination….

Pour ceux qui ne connaissent pas le Royaume, comme le résumer en quelques lignes ?

C’est un univers Médiéval. Enfin, Médiévaleke. On est plus proche de l’univers de « Johan et Pirlouit » que de « Games of Thrones ». L’héroïne est une jeune femme, Anne, qui est indépendante et qui ne veut pas se marier. Elle tient une taverne et elle a des clients chiants (rires) et particulièrement le Roi. On suit tout du point de vue de Anne … et, les oiseux parlent. Et contrairement à ce qu’on croit, les oiseaux quand ils font cui cui ils ne disent pas des gentils trucs, non ; c’est pas des poètes (rires).

Le lien avec ton public est important. Comment le nourris-tu en tant qu’auteur ?

Je cherche vraiment à créer du lien autrement qu’en séance de dédicace. Car on se retrouve dans 50 % des cas avec des gens acquis à la cause. C’est évidemment très chouette mais j’adore - comme ici avec la fresque - être en contact avec un autre public. Le Parcours d’artistes c’est aussi pour moi du pain bénit. Il y a des promeneurs, des curieux qui viennent et là, tout d’un coup, il y a tout un discours qui apparait et j’adore ça. Je fais aussi des dessins animés, des films et c’est évidement aussi complétement différent de voir la réaction du public dans la salle. Alors, j’essaie de varier. Avec cette fresque, c’était peu le combo idéal : dans ma commune, dans une bibliothèque, une fresque inspirée du Royaume, l’étage des enfants …


Plus d’infos : www.bferoumont.be


[1] « Morwenna » de Jo Walton