Marie Martin a 20 ans et est originaire de Liège. Fin février, elle a rejoint l’équipe de la Maison des Cultures de Saint-Gilles pour 6 mois par le biais d’un programme du service citoyen européen[1]. Un travail de terrain qu’elle recherchait après ces années impactées par la Covid. L’occasion pour elle de faire le point sur ce qu’elle souhaite mener comme projet tout en se mettant en action.
Comment et pourquoi as-tu rejoint le service citoyen ?
Je faisais des études aux Beaux-Arts en architecture d’intérieure et puis j’ai eu un job d’étudiant aux grottes de Han. C’était hyper vivant : j’étais déguisée en troll pendant la période d’Halloween (rire)... J’ai vécu en une semaine plus que ce que j’avais vécu en un an et demi d’académie.
Comment ça ?
J’étais tombée dans une sorte de burnout avec la période Covid, Je ne savais plus ce que j’avais envie de faire. J’avais l’impression qu’on nous avait anesthésié …j’avais besoin de quelque chose de plus vivant, d’une autre manière de contribuer au monde
Et tu t’es engagée dans le service citoyen
Oui. Ma petite sœur a assisté à une session d’info et m’en a parlé. Je me suis rendue compte que c’était ce qu’il me fallait pour terminer mon année ; me mettre au service « de quelqu’un » ça me permettait aussi de travailler sur moi.
Peux-tu nous en parler brièvement ?
C’est l’occasion – pour les jeunes entre 18 et 25 ans – de prendre un temps de réflexion en participant à un projet solidaire. Après quelques formations obligatoires (communication interpersonnelle, interculturelle, chantier environnement, etc.) qui permettent de s’ouvrir au monde et d’y prendre part en tant que citoyen.ne, nous choisissions nos missions. Nous sommes accompagnés tant administrativement que personnellement tout long, c’est soutenant. On rencontre d’autres jeunes très différents. Je me suis sentie tellement seule après mon burnout que l’aspect communauté, c’est important pour moi.
Et toi comment as-tu envie « de prendre par »t au monde ?
J’aimerai bien sensibiliser les gens au niveau du climat et apprendre aussi à donner un peu d’espoir parce qu’on est fort dans le négatif. Je me vois plutôt dans une communauté dont je partagerai les valeurs comme l’éco lieu « L’ arbre qui pousse »[2]à Ottignies que nous avons eu l’occasion de rencontrer via le service citoyen.J’ai aussi l’idée de rejoindre les compagnons bâtisseurs. Je pense que changer le Monde ce n’est pas possible mais changer son monde ça a déjà un impact.
Pourquoi avoir choisi la Maison des Cultures ?
Je voulais rester à Bruxelles. Après un essai à la Micro Factory[3] (qui est un lieu super mais qui était plus administratif que prévu), je me suis tourné vers la Maison des Cultures. J’avais envie de rencontre et de partage. On y propose des activités culturelles et des activités gratuites pour la jeunesse et un peu de social. J’ai eu un coup de cœur sur le lieu lors du 1er rendez-vous. C’est très coloré et l’équipe est incroyable.
Ça fait un mois que tu as commencé, quel est ton regard sur le lieu et tes missions ?
Je suis très contente d’être là malgré le fait qu’il y a énormément d’administratif ; j’ai l’impression que l’être humain se complique la vie (rire). Pour le moment :je participe à des réunions, je distribue des flyers (ce qui me permet de découvrir la commune que je ne connaissais pas ; c’est fou tout ce qu’il y a comme associations !), je prends des contacts pour des projets. Par exemple, là on a contacté BruZelle[4] pour mettre un point de contact pour les serviettes hygiéniques ; je vais mener le projet accompagné de Stephane mon tuteur.
Ta mission principale à la MdC est combinée avec une mission complémentaire tournée vers le climat (formation en « Ambassadeur climat » ) ;l’une influence-t-elle l’autre ?
C’est une bonne question ça. Je pense que ça me donne envie de mettre des initiatives en place, d’ajouter cette « touche environnement » à mon passage ici. On est en contact avec un public très jeune et c’est par l’éducation qu’on pourra changer les réflexes de demain.
Est-ce qu’il y a quelque chose qui t’a frappé depuis que tu es là ?
Ce qui m’a vraiment étonné c’est que je ne savais pas que c’était autant de boulot pour avoir une programmation culturelle. L’investissement des équipes, c’est fou. Je trouve que ce n’est pas assez valorisé… Parce que bon ils changent leur monde et ça a un très bel impact sur le quartier. D’ailleurs, ici les gens se disent bonjour (ce n’est pas pareil dans les autres quartiers de Bruxelles !) , se parlent… Hier par exemple, j’étais en train de planter des herbes aromatiques sur la devanture et quelqu’un m’interpelle en me donnant des conseils. Je trouve qu’en humanisant la culture et en propageant la bonne humeur, on la reçoit énormément quoi….
Conseillerais-tu cette aventure ?
Oui. J’espère que d’autres jeunes qui sont en recherche, en burn out ou en décrochage scolaire qui liront cet article verront l’opportunité qu’offre le service citoyen. Sans promettre de l’espoir non plus. Néanmoins, on a tendance à fuir son pays pour faire du volontariat.Alors qu’il y a une occasion de changer quelque chose dans ton pays, c’est intéressant je trouve aussi.