Du 11.01 au 9.02, vous pourrez découvrir à la Maison des Cultures l’installation Où est Abel ? Ce projet d’exposition sonore et photographique a été initié par Comme un Lundi asbl [1] et Les Petits Riens. Pendant trois mois, plusieurs jeunes (18-24 ans ) de la maison d’accueil @Home [2] ont participé à des ateliers créatifs (écriture, radio et photo). Ils ont créé ensemble une fiction autour de la disparition d’Abel, personnage imaginaire. Une série d’ateliers d’initiation à la radio a rythmé la 1er phase du projet pendant laquelle les jeunes ont imaginé les caractéristiques du personnage. Dans un second temps, accompagnés d’une photographe (Madeleine) et d’un scénographe (Gus), ils ont imaginé plus concrètement les différents lieux dans lesquels Abel pourrait se trouver. Une expérience artistique qui leur a permis de développer leur créativité accompagnés par des professionnels. Retours sur expérience avec Noé, Comme une lundi asbl et Zac, l’un des participants.
Qui est Abel ?
Zac : Pour résumer, c’est une expo audio et photo et ça raconte l’histoire d’un pote qui recherche l’un de ses collègues – Abel - qui a disparu. Au fil de l’expo, on suit le chemin pour essayer de comprendre où est ce collègue et ce qui lui est arrivé.
D’où vient l’idée du projet ?
Noé : on avait envie de travailler @home et on avait envie de partager des choses avec les jeunes qui séjournent dans ce centre. Du coup, plutôt que de leur demander : « parlez-nous de vous ? - ce avec quoi on n’était pas vraiment ok parce qu’on sait qu’on ne se livre pas nécessairement à des gens qu’on ne connait pas - on a choisi de poser un cadre de fiction. On les a invités à raconter une histoire et, forcément, quand on raconte une histoire, on met toujours un peu de nous…Comme l’a dit Zac, on est parti du postulat suivant : Admettons que vous habitez tous ensemble et qu’une personne du centre a disparu. Qui serait cette personne ? quelles seraient ses habitudes ? et où irions-nous la chercher ?
Vous avez donc écrit ensemble le scénario ?
Zac : oui, on a travaillé sur le scénario, les personnages et sur les plans qu’on voulait avoir.
Comment le choix des lieux s’est-il fait ?
Zac : Ça s’est construit ensemble encore une fois. Noé nous a présenté des lieux qui pouvaient être sympas en photo et, nous, on a proposé des lieux qu’on aimerait voir représentés. Et puis, on s’est mis d’accord entre nous afin de savoir ce qui était possible et cool à faire au niveau créatif.
Quels sont ces lieux ?
Zac : Il y a une salle de fitness, un lieu désaffecté, un bar…
Noé : c’est plutôt une boite de nuit . Il y a aussi un ladbrokes et une chambre d’hôtel.
Et ces 5 lieux sont accompagnés de capsules audios ?
Zac : Oui, elles permettent de mettre une ambiance sonore et de retracer le chemin des « enquêtes »
Noé : il y a, en effet, des bornes avec deux casques et des tablettes devant chaque lieu. Parce que Où est Abel ?, c’est un prétexte. En visitant ces lieux, ça a été l’occasion de s’interroger sur ce qui peut s’y jouer. Pour le ladbrokes, par exemple, ça a aussi été un moment pour parler du vice - comme le pari sportif - et du rapport à l’argent. Pour la chambre d’hôtel, on s’est questionné sur le rapport aux chambres partagées. C’est une manière « décalée » d’aborder des thématiques qui touchent directement les jeunes sans forcément leur demander frontalement d’expliquer leur vie. Même si l’idée du projet n’était pas de se mettre à nu.A l’entrée de l’exposition, il y aura aussi des douches sonores où chacun donne sa définition de Qui est Abel ? Ça créé une définition globale et universelle. Le son va nous aider non pas à savoir qui il est mais plutôt qui le cherche et comment.
Personnellement Zac, qu’est ce qui t’a donné envie de participer au projet ?
Zac : la mise en scène, c’est quelque chose qui me fascine. Quand ils ont présenté le projet, pour moi, c’était une opportunité pour m’exercer sur cette pratique, de prendre des photos.
Noé : Zac a une bonne culture cinéma et régulièrement, il nous envoyait des captures d’écran de plans et de photographies qu’il aimait bien. Il a géré la direction artistique avec nous. Dans le projet, il y a des jeunes qui ont eu envie de s’impliquer en tant que personnage et donc d’être plutôt devant la caméra. Zac, lui, avait plutôt envie d’aider, comme il le disait, à penser les photos. D’ailleurs, il a aussi pris des photos, ; certaines n’ont rien à envier à des personnes qui en font depuis des années.
Ce sont tes 1eres photos ?
Zac : oui. J’ai eu de la chance parce que Madeleine était juste à côté et pouvait répondre à mes questions.Travailler dans ces conditions avec Gus et Madeleine ça a permis de pouvoir s’amuser avec le scénario, de créer des décors, de faire des choses un peu plus farfelues et montrer des photos entre guillemets professionnelles.
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Tu parlais de plans de films qui t’ont inspiré dans le choix de tes photos, tu pourrais nous en partager ?
Zac : Oui, ce sont les ambiances type Taxi Driver, Seven ou le style de Guy Richie … des films avec de atmosphères un peu plus noires.
Noé : tu nous as envoyé aussi ce plan de Paris-Texas
Zac : oui j’étais tellement hypé par le projet que quand je suis tombé sur Paris-Texas, je leur ai envoyé même si je savais que c’était un peu irréaliste vu les effets et le budget du film.
Noé : oui, il nous a mis la pression (rire)
Comment te sens -tu Zac à l’idée que ce soit vu par le public ?
Zac : je suis impatient de voir le résultat final - nous n’avons pas encore vu le rendu - et de voir la réaction des autres.
Zac et Noé
[2] @home héberge des jeunes hommes entre 18 et 24 ans, qui ont rencontré des difficultés liées à la perte d’un logement suite à une expérience de rupture dans leur situation sociale ou familiale.
