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​Florette Gros

Interview

Pour sa trente-quatrième édition, le prix du public Hamesse 2019 a été décerné à l’artiste Florette Gros. Photographe autodidacte en numérique depuis de nombreuses années, elle s'ouvre depuis deux ans à la photographie argentique. Un « retour à la matière » qu’elle prend plaisir à expérimenter de la prise de vue au développement jusqu’au tirage papier. La lenteur et la patience l’accompagnent tout au long de ce processus devenu passion. Elle nous livre dans cette interview ce qui habite et nourrit celle-ci.


Quelles sont vos sources d’inspiration ?

Les femmes ont été une source d’inspiration pendant très longtemps ; au risque de paraître trop romantique, l’amour aussi. Puis, par la suite la lumière, la matière, la poésie d’un moment, les rencontres… qui donneront quelque chose en matière ou pas, ce n’est pas très grave si ça ne donne rien



Comment décririez-vous la photographie à quelqu’un qui ne s’y est jamais intéressé ?


Capter le monde extérieur pour montrer ce que ça nous fait vivre à l‘intérieur.


Que représente ce Prix Hamesse pour vous ?


Une très belle autonomie. J’ai décidé de me lancer dans ce prix sur un coup de tête. J’étais extrêmement fière de faire ce processus dans mon coin, en me disant : « j’ai peu de temps mais je vais faire en sorte de me donner les moyens de répondre à ce concours ». Le fait d’avoir été sélectionnée et d’avoir eu la chance de gagner le prix du public a été une grande surprise, un grand honneur !


Est-ce qu’il y a des lignes directrices dans votre travail ?


La lumière. Pour réussir une bonne prise de vue, la lumière est maitresse, tout découle d’elle.
La matière aussi ou le modelé dans le langage des argenteux. Puis, les processus de tirage et le choix de la sensibilité du film. On ne dirait pas mais c’est une inspiration. Ce n’est pas juste la poésie d’un moment que je prends en photo. Ça part de là mais ces étapes y sont associées, elles représentent 70% du travail ! C’est un plaisir d’imaginer à quel point je vais me régaler derrière mon agrandisseur…


Y-a-t-il des photos aimantées sur votre frigo ?


Est-ce que je peux reprendre mon frigo d’il y a un an ? (Rires) Sur ce frigo il y avait des photos gags de mes grands-parents avec une perruque, des photos de famille principalement, et comme aimant pour les tenir des lettres d’alphabet pour enfants avec lesquelles j’essaye de composer des phrases.


À l’heure des réseaux sociaux et des filtres Instagram, est-ce plus difficile de se faire une place dans le milieu de la photographie ?


Bien sûr. J’ai même défini la photo selon Instagram comme quelque chose qui produit de l’image et non plus de la photographie. Ça peut permettre une visibilité, il y a même des hashtags qui aident à ça, du type #nofilter, #analogisnotdead…
Mon compte est très peu fourni car je trouve que numériser un travail qui est aussi profond sur le papier, qui m’a demandé autant de temps et d’amour, c’est presque du gâchis. Donc je le fais un petit peu pour avoir une visibilité mais pour moi ça ne met pas en valeur le travail argentique.



Que pensez-vous des appareils photos jetables ?


C’est vintage. L’optique laisse à désirer par contre c’est un retour à l’objet. C’est avoir du papier photo chez soi dans une pochette sur laquelle on retombe en rangeant ses tiroirs… plutôt que des giga-octets de disques dures qu’on oublie…



Est-ce qu’il y a quelque chose que vous voudriez ajouter à l’interview ?


Oui. Le fait d’être autodidacte en numérique et d’avoir beaucoup progressé, ce qui m’a menée dans mon parcours actuel à l’argentique, je le dois à ma femme qui m’a beaucoup sortie de ma zone de confort. Ça a été très précieux et aujourd’hui ça m’a amenée à ma propre identité artistique. J’aimerais remercier aussi toutes les personnes qui m’ont poussée à croire en la photo et à la pratiquer.