Le Palazzo vient de fêter ses 6 mois. Ce nouveau lieu indépendant propose un espace de co-working singulier qui mêle ateliers d’artistes et espaces de co-working libres et privatisés. Le tout, et c’est sans doute là son réel plus, dans un lieu pensé « comme à la maison » chaleureux, ouvert et autonome. Rencontre avec Louise, gérante et fondatrice, Gaëlle SOLAL, guitariste profesionnelle et Anaïd MOH, artiste plasticienne.
Louise, peux-tu nous présenter le projet ?
Louise : J’ai créé ce projet parce que j’ai réalisé qu’en tant que graphiste, il y avait un manque d’espace de co-working créatif à Bruxelles. Il y avait soit des co-working selon moi un peu trop « corporate » ou à l’opposé des ateliers d’artistes très brutes, très grands, à loyer peu cher mais pas assez confortables pour ce que je voulais.
Gaëlle et Anaïd, est-ce que le lieu répond aussi à un besoin de votre côté ?
Anaïd : J’ai découvert le lieu au moment où moi je voulais me lancer plus sérieusement dans la céramique et la porcelaine tout en continuant mes activités de dessins. Il n’y avait en effet pas de juste milieu entre co-working « type bureau » et les ateliers d’artistes. L’avantage ici c’est qu’il y a l’autonomie et aussi la communauté ce qui permet des belles rencontres.
Gaëlle : Pour moi, c’est un peu la meilleure nouvelle de l’année ! Ça faisait 2 ans que je cherchais un atelier. On me refusait parce que j’étais « bruyante ». J’ai regardé aussi les bureaux ; c’est hors de prix. Du côté des ateliers d’artistes, c’est brut, pas confort et surtout ce n’est pas chauffé. J’ai vu le Palazzo à ses débuts, en chantier. J’ai tout de suite mis une option dessus.
Louise : oui c’était la première !
Quel est selon vous le plus de ce lieu ?
Anaïd : Le fait d’avoir les clés. Le fait aussi d’avoir d’autres personnes ; nos disciplines sont très variées, c’est super enrichissant. Inge fait de la photo, moi j’ai besoin de photo… chacun a ses connaissances. On est également tous indépendants avec les mêmes problématiques ; on échange aussi là-dessus. Du coup, j’ai ma bulle et j’ai ma communauté, c’est un équilibre qui me va.
Gaëlle : J’avais besoin de sortir de ma solitude, de travailler à l’extérieur et de professionnaliser mon espace de travail. Je suis maman et je n’ai pas trois pièces chez moi. De plus, la discipline, je l’ai dans ma pratique artistique et pas spécialement dans ma vie. Chez moi, c’est travailler en pyjama ; prendre ma douche, travailler une partition, lancer une machine… tout est mêlé. Ici, je fixe mes horaires et je m’oblige à faire des pauses quand j’entends quelqu’un prendre un café. Les pauses c’est important pour la créativité… et je ne viens pas en pyjama !
Louise veilles- tu veilles à ces échanges et à cette diversité de disciplines ?
Louise : oui, Je pense en effet que c’est important d’avoir un grand spectre. C’est aussi important que le Palazzo soit représenté ou qu’il représente des artistes avec une certaine qualité de travail, ce qui reste mon avis bien sûr. Que ce soit une débutant ou quelqu’un qui soit plus loin dans sa démarche, un créatif ou pas, si je sens que la personne peut apporter une bonne ambiance dans la communauté cette personne est la bienvenue.
Comment fonctionne le Palazzo?
Louise : Le Palazzo fonctionne sur un système de membres. Il y a trois types d’abonnement et chaque abonnement représente un lieu d’occupation. Un espace flexible avec horaire fixe, un espace privatisé et les ateliers fermés (trois tailles) avec des horaires flexibles.
Il y a une guitariste et 2 DJ, est-ce insonorisé ?
Louise : Non. Mais quand Gaëlle joue on arrête la musique et on écoute Gaëlle (rire). Heureusement qu’elle joue bien (rires). Concernant les DJ : l’ une a pris un atelier à l’avant et a trouvé un système où elle met la musique sans que cela soit trop fort et le deuxième est « en cave » donc on ne l’entend pas.
Le lieu est partagé entre vie des membres et évènements ?
Louise : Tout à fait. La raison pour laquelle l’espace salon est flexible avec des horaires limités, c’est parce qu’en dehors de ces heure-là, l’espace peut se transformer pour des locations ou des évènements surtout créatifs. Idéalement afin de mettre les travaux des membres en avant. Ma priorité reste toutefois les membres et même si l’espace est loué ou privatisé c’est donc toujours semi-privatisé ; les membres ont accès à leurs ateliers en permanence.
Comment vivez-vous ce partage au quotidien ?
Gaelle : Très bien. Ça m’aide d’avoir de l’émulation pour me recentrer.
Louise : d’ailleurs Anaïd…
Anaïd : oui, je vais exposer en novembre et c’est chouette parce que les pièces passent de là (elle montre son atelier du rez-de-chaussée) à là (grand salon) et ça c’est génial. C’est comme faire une expo à la maison.
Tiens, au fait pourquoi ce nom ?
C’est une question qui n’a pas de vraie réponse parce que cela n’a pas de symbolique particulière. J’avais déjà toute mon identité graphique, les couleurs et je testais plein de mots. J’ai un univers qui surfe sur l’absurde et la sonorité des mots. Ayant vécu en Italie, j’ai souvent entendu le mot Palazzo. Je trouvais que la typo était belle, le lettrage et la façon dont ça se prononce. C’est un clin d’œil parce que quand j’ai trouvé cet espace c’était un garage sombre, la dalle était explosée, la mezzanine était turquoise… c’était tout sauf un palais !
Gaëlle : Moi ça me parle. J’invite des gens dans mon atelier, « ma petite cabane » posée dans « mon petit palais ». Remettre du beau et du sacré dans ce qu’on fait, c’est important.
Cerise sur le gâteau, d’ici peu un restaurant indépendant ouvrira ses portes à l’entrée du « petit palais ».
Pour en savoir plus sur le travail d’Anaïd MOH : anaidmoh.com
Pour en savoir plus sur le travail de Gaëlle Solal : www.gaelle-solal.com et www.crazynails.org
Infos : www.p-a-l-a-z-z-o.com