Comme lors de chaque biennale du Parcours d’Artistes de SaintGilles, un jury de professionnel. le.s du secteur a sillonné tous les ateliers de l’édition 2020 afin de décerner leur Coups de cœur. Ils sont au nombre de six. Ils témoignent une fois de plus de la richesse artistique présente sur notre territoire. Nous vous les présentons par paire entre janvier et juin avant leur exposition collective ( voir p.4 ). Pour ce dernier focus « Coups de cœur », nous vous présentons Joanna Van Mulder et le collectif Ice Screen.
Joanna Van Mulder
Parcours d’Artistes, c’est quoi pour vous?
Le partage, la simplicité, la rencontre… un moment de plaisir ! Cette édition a été particulière.
Quel est pour vous le rôle de l’artiste en temps de crise ?
Il doit continuer et surtout dans ce moment difficile… garder le cap…il est le cœur et l’âme de notre société.
Quel regard portez-vous sur l’évolution de la mode ?
La mode a changé ; la Haute Couture meurt avec tous ses artisans et ses « petites mains »….elle devient globale… une uniformité s’installe… l’originalité et la créativité manquent, l’argent règne. Il est de plus en plus difficile de trouver de l’élégance et du vrai « personal style ». Par contre ce qui est bien aujourd’hui c’est que une certaine partie de l’industrie de la mode a pris conscience de l’importance écologique du recyclage des vêtements…et si on ne trouve pas son bonheur dans les collections d’aujourd’hui… les boutiques de deuxième main fleurissent de plus en plus et surtout à Bruxelles…et quel plaisir de chiner et trouver un petit trésor d’antan…qui n’appartient qu’à vous…
Qu’est-ce qui distingue l’univers de la mode des autres univers artistiques ?
Rien. L’argent dirige tous les univers artistiques… Et puis tout d’un coup…sans qu’on s’y attend… un véritable talent émerge…et on respire… et on reprend foi dans l’art…
Quelles sont vos sources d’inspirations ?
L’élégance naturelle, poétique, un regard captivant et mystérieux, la lumière intérieure et extérieure… c’est cette recherche qui m’anime dans mon travail photographique. Les livres de photographes (Avedon, Irving Penn, Lillian Bassman, Deborah Turbaville, Francesca Woodman, Saul Leiter, Lartique, Shoji Ueda, Disfarmer) et de peintres ( Georgia O’Keefe, Sargent, Burne-Jones, Alma-Tadema, Spilliaert, Permeke, Helene Schijerfbeck) sont aussi sources d’inspirations …
Collectif Ice Screen
Parcours d’Artistes, c’est quoi pour vous?
Pour nous le Parcours d’Artistes permet de rencontrer un public qui n’est pas forcément au courant de notre existence et de nos activités. Le fait que nos locaux soit au sein de la BAF qui accueille de nombreux artistes aux pratiques différentes participants au Parcours d’Artistes est une chance car cela nous apporte une visibilité inédite et un moyen de tisser des liens. Cette édition a été particulière.
Quel est pour vous le rôle de l’artiste en temps de crise?
Tout art est politique, et quel que soit la situation, chaque artiste réagit en fonction du monde qui l’entoure. Durant cette période particulière, nous nous sommes toustes rendu compte que la Culture est essentielle. Chaque artiste a son mot à dire et continuer à transmettre sa réflexion est capital. Dans le panel des activités que vous proposez, il y a une dimension pédagogique très présente.
Transmettre, c’est aussi important que créer?
C’est vrai que, outre l’impression de nos propres travaux, nous réalisons également des commandes d’autres artistes, du print live ainsi que des initiations. Ces moments sont très importants pour nous, cela permet de transmettre notre passion, et de montrer que l’impression d’Art est un moyen de sublimer les travaux de chacun.e, quel que soit la pratique et l’expérience.
Comment se passe une prise de décision dans un collectif d’artistes ?
Chez Ice Screen, les décisions se prennent de manière collégiale. Nous sommes tous sur la même longueur d’onde, donc les débats houleux sont, objectivement, assez rares.
Quelles sont vos sources d’inspirations ?
Étant un collectif de 5 personnes, chacun a ses propres inspirations et influences, qui sont assez différentes, à vrai dire. Nous sommes tout simplement passionnés d’images en général, quelles qu’elles soient. Ainsi, nous avons déjà travaillé autour des papiers découpés Mexicains lors de notre exposition à la galerie Calaveras en 2017, des affiches de cinéma bis au festival Grindhouse Cult en 2015, ou encore du thème du double pour notre livre collectif Double Trouble.