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Léopoldine Roux - L'Art qui relie

Interview

Léopoldine Roux
L’Art qui relie



Léopoldine Roux est une artiste plasticienne. On a pu, notamment, la (re)découvrir lors du Parcours d’Artistes au sein de l’exposition I feel really awake : résonnances du Musée d’Ixelles à la Maison Peuple de Saint-Gilles et au sein de l’espace public avec le projet Les Arbres parlent.Réalisé avec les élèves de l’Académie des Beaux-Arts de Saint-Gilles où elle enseigne[1], celui-ci s’inscrit dans une volonté de (re)mise en lien dans le contexte sanitaire actuel. Un lien pluriel entre et avec ses élèves, entre sa vocation d’artiste et de professeure, entre l’Art et le citoyen, et, enfin, entre le physique et le sensible.

Comment s’est créé ce projet Les Arbres parlent ?

Ce projet est né d’une frustration. Pendant le confinementau printemps dernier, avecl’arrêt total de nos vies en société, une absence de contact et parce que nos échanges se sont limités à du virtuel saccadé, je voulais créer du lien. Renouer avec mes élèves de l’Académie des Beaux-Arts de St Gilles et créer une passerelle entre mon travail d’artiste et ma vocation de professeure.

Combien d’élèves ont participé à ce projet ? Comment l’ont-ils investi ?

Plusieurs groupes ont participé au projet. Des enfants de 6 à 8 ans, de 9 à 11 ans et 12 à 14 ans qui viennent le mercredi après-midi ou le samedi. Ma collègue Pascaline Wollast et ses groupes d’enfants ont également contribué à l’installation. En tout ce sont 150 enfants qui ont nourri les arbres parlent de leurs messages d’avenir, de soutien, de solidarité… C’était une manière de reprendre contact ensemble, de parler et d’échanger autour d’une œuvre collective.

On retrouve les arbres à prière dans plusieurs régions du monde. En quoi consiste cette pratique ? est-ce que les élèves connaissaient celle-ci ?

Les arbres à prières sont pratiqués dans de nombreuses régions du monde, notament, en Asie.On peut les considérer comme des coutumes religieuses.Elle consiste à utiliser un arbre vivant, comme support à des requêtes que les Hommes font aux esprits. Peu d’élèves connaissaient cette tradition.

Prendre part à un évènement comme le Parcours d’Artiste dès la rentrée, c’est un sacré défi. Comment on réagit les élèves à la proposition ?

Vous savez les artistes ont l’habitude de travailler dans l’urgence et avec leurs tripes ! Les enfants ont naturellement participé à cette œuvre collective car elle faisait partie d’une démarche artistique à contruire ensemble. Pour les enfants, le rendu final est presque plus important que la réalisation. Alors quand ils ont vu les arbres se recouvrir de couleurs, ils voulaient en rajouter encore et encore en invitant leurs parents à accrocher eux aussi des rubans.

Avez-vous été surprise par leurs messages ? Pourriez-vous nous en partager quelques-uns ?

Beaucoup de leurs messages étaient destinés à leurs grands parents. Le manque, le besoin de se revoir. J’ai retrouvé dans l’arbre un message écrit en sanskrit ; ca m’a fait tellement plaisir. Il est écrit une des quatre déclarations fondamentales de l’Hindouisme : Tat tvam asi, Tu es Cela. Tous ces messages sont des passerelles culturelles et intergénérationnelles nécessaires à l’union, la solidarité et le partage dans nos sociétés occidentales.

On retrouve dans ce projet le même foisonnement de couleurs présent dans vos œuvres. C’est quelque chose qui vous tient à cœur ?

Je dirais simplement que la vie est plus lumineuse et belle en couleur.

Enfin, un regard/ un mot sur la rentrée à l’Académie et la place de l’art au sein de jeunes en ces temps bousculés ?

Quand le corps et l’esprit ont mal l’Art est LA solution car il lie les deux. A l’Académie comme dans tout atelier, Il y a d’abord le plaisir dans le faire. J’essaye d’apprendre à mes élèves à retranscrire la réalité, le monde, parle dessin, la peinture, la scupture. C’est un moyenessentiel de communication, d’ouverture et d’ancrage dans le temps.




[1] Cours pluridisciplinaires :pastels, aquarelle, encre, gouache, fusain. Ceux- ci sont à la fois académiques pour apprendre à regarder (modèle vivant / nature morte) et plus vivants et performatifs, comme la participation à des projets dans le cadres de Parcours d’artistes et installations urbaines (Nous sommes le futur en 2016,Parure de rêves en 2017, et Les arbres parlent en 2020)